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Le Bois de Saint Pierre.

Sur l'extrême limite du territoire d'Ellezelles, le bois de St Pierre forme frontière du Hainaut. Aussi, on entend ici les derniers échos de la langue wallonne. Au nord, à l'est et à l'ouest, à peine a-t-on porté le pied sur le territoire de la Flandre qu'on entend plus qu'un seul idiome, qui y soit presque exclusivement parlé : le flamand. C'est une chose vraiment digne d'observation que ces limites territoriales, établies depuis tant de siècles, soient aussi celles du langage. On ne saurait douter qu'elles n'aient été tracées, dès leur principe, entre deux peuples d'origine différente.
Il y a quelques cents ans, les plateaux de St Pierre étaient encore couverts de bois ; il en reste à peine quelques vestiges. Le bois St Pierre contenait les sépultures ou tumuli de colons gallo-romains. Aujourd'hui défriché , il se présente comme un très important cimetière gallo-romain . D'importantes sépultures y furent agglomérées pendant les règnes de Trajan et Marc Aurèle. Que de souvenirs planent au-dessus de cette nécropole ; un dépôt de 322 sépultures ont été assemblées
durant l'espace de 82 ans. La bourgade existant à cet endroit aurait été anéantie pendant les dévastations du IVe et du Ve siècle.
Une importante remarque : tous les tumuli découverts sont échelonnés sur la ligne de démarcation des langues flamande et wallonne. Il faut songer aux causes qui oint amené cette division du territoire et du langage. Ces monuments funéraires se rattachent à ce fait historique important.
Le bois St Pierre faisait partie de la terre des débats. Le premier partage de ce territoire eut lieu vers la fin du XIIIe siècle. La partie flamande fut cédée au comte de Flandre et la partie wallonne continua à faire partie du Hainaut..
-Le château se trouvant au bois St pierre appartient à la famille des barons de Rasse. Avant la domination française, le bois St Pierre était une dépendance de l'abbaye de Maegdendaele, à Audenarde. Après, il a appartenu aux héritiers du baron Lefebvre, de Tournai.

FOLKLORE

Les ouvriers et les paysans , présents aux fouilles pratiquées appelaient les petites potiches mises au jour Kanon-ballen. De cette désignation de Kanon-ballen est venu le bruit, aujourd'hui très accrédité dans les hameaux avoisinants le bois St Pierre, que l'on a déterré une quantité énorme de boulets de canon. Naturellement, comme toujours, le campagnard ne se borne pas à rapporter simplement cette circonstance ; il l'accompagne de forts commentaires.
La tradition rapporte que certaines placec de ce bois était la nuit, le théâtre de sabbats nocturnes : tantôt c'était la procession des spectres, une autre fois on, voyait des formes blanches traverser en silence l'immense clairière, ou bien dans les coins du bois où venait mourir la clairière, on voyait des yeux brillants fixés sur vous dans d'épaisses ténèbres. C'étaient, disait-on, les mânes des vieux légionnaires romains.

Sources : Nos Ardennes flamandes par Achille Boterdaele Imprimerie Fr ; Vercauteren, Gand 1912.

Article écrit par Louis Beaucamp

Articles annexes:

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