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Eglise Saint-Pierre-aux-liens d'Ellezelles

Plusieurs étapes et styles ont marqué l'actuelle église d'Ellezelles qui offre une combinaison de parties gothiques et classiques. Dans cet ensemble hétérogène formé de matériaux variés (briques, pierre blanche et soubassement en moellons de grés), les plus anciennes constructions encore en place sont la tour (XVe-XVIe siècle), la nef principale et le chœur (gothique, XVIe siècle). Le vaisseau central fut cependant repris en sous-œuvre et pourvu de colonnes toscanes. Signalons l'importance de remaniement qui eut lieu en 1643 (date fournie par les ancres de la tour). Pour les parties gothiques, on se doit de mentionner les marques courantes de carriers du XVe siècle. Et pour le XVIIIe siècle la marque du maître à la lettre T. L'édifice fut restauré en 1723 (surtout le chœur) ; quant aux nefs latérales elles datent de 1781. Les fenêtres néo-gothiques sont le fruit des travaux d’appropriation de la fin du XIXe siècle. Depuis 1959, l'église figure au nombre des monuments classés.

INTERIEUR. DE L'EGLISE.

L'intérieur (XVIIIe siècle) à trois nefs en forme de halle sur colonnes toscanes en pierre de Tournai, est un peu grêle.

L'autel majeur.
Baroque tardif. Grand retable-portique à 6 colonnes et fronton à baldaquin, superstructure ornée d'angelots et de guirlandes, d'une statue de Saint Pierre sous un dais à lambrequins (fin XVIIIe, début XIXe); bois peint chêne et partie dorée; hauteur environ 140).
Les colonnes à chapiteaux corinthiens qui supportent l'entablement et deux petits bustes de saints diacres, rythment les trois panneaux du retable dont les deux latéraux sont ornés d’un médaillon suspendu à un ruban, avec les bustes de la sainte Vierge et de sainte Barbe. Plus bas, deux reliquaires baroques en bois massif contiennent les reliques des saints P (Pierre) et H (Hermès)
Le panneau central contient l'ancien retable de l'église gothique consistant en une peinture sur bois, encadrée d'une riche moulure gothique, dont les fleurons ont été arrachés plus tard. Le sarcophage d'autel en Louis XVI tardif est orné d'un médaillon avec buste en relief de saint Pierre

Le tableau du maître-autel.
Le tableau représente la « Crucifixion » de Jésus entouré de deux larrons. L’ensemble montre tout le chemin de croix à travers les rues de Jérusalem, jusqu'à la mise au tombeau. Dans le fond, à gauche, on distingue le Portement de la Croix et à droite, la Mise au Tombeau. A l'avant-plan, nous apercevons la Pâmoison de la Vierge, à gauche et à droite un ensemble très hétéroclite formé d’un chien, un jeune enfant et un chevalier en armure surchargée. L'ensemble est très remarquable, mais l’inspiration est celle d'un épigone qui a rassemblé dans un seul tableau des réminiscences fort diverses et plusieurs sujets.
Emmanuel Degand semble attribuer le tableau à un peintre Ellezellois du début du XVIe siècle, Jehan du Tranoit, fils du mayeur local, dont l'existence est d'ailleurs attestée par un grand nombre de documents. Ce tableau pourrait se dater aux environs de 1530. L'influence renaissance y est prépondérante. Ce retable provient peut-être d’un ancien triptyque; il est en bois de 169X203, cadre avec accolade, bois peint. Il a été restauré en 1987.

Le Chemin de Croix.
Le chemin de croix en haut relief en plâtre polychromé de 200X130 avec encadrement est un important don fait à l'église. Une pierre commémorative en marbre, est actuellement placée au-dessus de la porte d'entrée de la chapelle d'hiver avec l'inscription suivante : Don de Monsieur Frédéric Gubbins de Kilfrush, ancien gouverneur à Bénarès Indes Anglaises, chevalier de l'ordre du Bain et de dame Bénonie Créteur d'Ellezelles, son épouse; le chemin de croix a été béni le 21 février 1868. (Armoiries et devise « Persévère »).

Les vitraux du chœur.
Néo-gothique, de la fin du XIXe siècle. Vitraux remarquables, œuvres du peintre verrier bruxellois Crespin.
Côté nord : avec Vierge à l'enfant, St Hubert, portraits des donateurs et armoiries des familles Gubbins de Kilfrush et Créteur.
Côté sud : avec Ste Anne portant la Vierge, St Pierre apôtre, portraits des donateurs et armoiries de Gubbins de Kilfrush.

Les autels latéraux.
Ils sont de la même époque que l'autel majeur et répètent en plus petit son ordonnance.
Celui de gauche, l’autel latéral nord, dédié à la Sainte Vierge, comporte une très belle statue de Notre-Dame du XVIIIe siècle, un médaillon avec buste de la Vierge du XIXe sur le devant du sarcophage et le retable avec têtes d’angelots du XVIIIe en bois peint chêne et partie dorée.
Celui de droite, l'autel latéral sud, dédié à Sainte Barbe, montre sur le devant du sarcophage un médaillon avec le buste de la sainte; le retable avec têtes d'angelots du XVIIIe en bois peint chêne et partie dorée; en haut du retable on admire une statue de St Antoine du XVIe siècle, en bois doré, hauteur environ 75 cm.

Sculptures.
Placées sur les coins des entablements des retables des autels latéraux:
Sainte Agnès : 1ère moitié du XVIe, gothique, en bois doré, hauteur environ 50 cm.
Sainte Anne portant la Vierge : 1ère moitié du XVIe, gothique, bois doré, h. env. 70 cm.
L'archange Gabriel : 2e moitié du XVIe, début du XVIIe ; l'archange terrasse le démon. h. 50 cm.
Saint Roch avec l'ange : 2e moitié du XVIe, début du XVIIe.
Une sainte tenant un livre : Fin du XVIe, début du XVIIe en bois doré.

La chaire de vérité.
Sculpture de la première moitié du XVIIIe siècle. Offerte par maître Charles Lucq, curé à Ellezelles de1751 à 1758. Nous ne connaissons ni l'identité du ou des réalisateurs, ni le lieu de provenance, ni la date exacte de l'exécution.

L'abat-voix à draperies est sur monté d'un cartouche tenu par deux angelots, où s’inscrit, l’I.H.S., monogramme du Christ, au-dessus de trois clous, instruments de la passion. Le dossier, reliant cette partie du meuble avec la cuve, accueille l'œil de Dieu, cerné du Delta mystique, symbole de la Trinité.
La cuve en forme de calice représente, sur son panneau central, un passage de l'apocalypse : l'agneau, symbole du Christ immolé, brise les 7 sceaux. Le panneau de gauche nous montre le buste de St Pierre inséré entre deux moulurations courbes terminées en feuilles d’acanthe, cintrées de deux motifs dits en C, le tout couronné d'une palmette. Le panneau de droite, (qui constitue la porte du meuble) nous montre l’effigie de St Paul encadrée de façon semblable à celle de St Pierre.

La rampe de l'escalier s'ajoure en fines balustres séparées par des panneaux garnis d'une tige de fleurs, et reposant sur une large bordure à godrons.

La grande figure sculptée, qui s'appuie à l'arbre soutenant la cuve, représente le prophète Elie dans le désert, découragé après ses démêlés avec le roi Achab et les prêtres de Bael. Le Seigneur vient à son secours en envoyant un ange.

L'ensemble offre la réunion de deux éléments étrangers. La cuve a bien pu être exécutée pour Ellezelles (relief de St Pierre, à qui est dédiée l'église), le groupe d'Elie et de l'arbre a pu provenir d'un Carmel de la région. L'arrangement et quelques ajouts seraient de la fin du XVIIIe siècle.

Siège.
Fauteuil à 8 balustres, début XVIIe siècle; h 78,5.
Siège de chœur, 3e quart XVIIIe, Louis XV, bois et velours.

Les fonts baptismaux.
Bénitier pédiculé, utilisé comme fonts baptismaux (2ème moitié du XVe). Laiton coulé, Tournai ou Ath, H : 125 cm, cuve : 50 cm. Selon un usage fréquent, ce bénitier monumental est utilisé comme fonts baptismaux depuis la fin du XVIIIe siècle d'après le style du couvercle (orné du serpent ; XIXe) en laiton battu. A cette fonction primitive répondent d'une part, le rebord de la cuve en cavet renversé qui achève le rythme en crescendo de la mouluration associant le support et la cuve circulaire, et, d’autre part, les deux têtes de lion qui étaient soudées sur cette large lèvre (il n'en existe qu'un et des traces de soudure pour l’autre).Par l'intermédiaire d'un anneau, on suspendait à ces mufles le seau portatif à eau bénite et le goupillon destinés aux aspersions liturgiques.Tige cylindrique à moulures multiples allant s'élargissant vers la base qui est octogone.
Pied en pierre de Tournai.

Le chandelier pascal.
La colonne balustrée en laiton coulé date de la 2ème moitié du XVIe siècle. Le chandelier se dresse sur un socle en pierre de Tournai (XVe siècle) identique à celui du bénitier. Mais rien n'atteste de son attribution à Tournai, il faut noter que l'utilisation des vergettes en fer de section carrée (on peut en observer 6 sections à la surface de la plate-bande supérieure du support) est une caractéristique des produits brabançons des XVe et XVIe siècles. On peut alors se demander s'il ne s'agirait pas ici d'une œuvre due à un fondeur athois dont la production serait marquée par une convergence d’apports techniques ou stylistiques brabançons (Bruxelles) et tournaisiens.

Encensoir.
En argent, de 1770, h. 24.
Appelé thuriculum dans les temps reculés de la liturgie, ce vase à encens se compose de deux parties distinctes : le cassolet en argent, renfermant un récipient en métal contenant les braises et l'encens et la partie mobile du couvercle. Celui-ci, élégamment profilé et découpé d'ajours termine la partie supérieure par un bouton en forme de langues de feu. Trois chaînettes soutiennent la cassolette, la quatrième servant à lever et à baisser le couvercle, celui-ci est retenu par une poignée à nervures torses. Le décor, tantôt végétal, tantôt géométrique, permet à l'artiste de donner cours à sa dextérité en épousant adroitement les galbes de l'encensoir. Le maître Jean-Louis Philippron a apposé son poinçon à la suite des poinçons d'Ath (croix sur degré, écu de Hainaut, le millésime 70 et la gueule de lion).

Confessionnal.
Les deux premiers plus anciens sont en style baroque populaire, fin du XVIIe siècle début du XVIIIe. Ils ont été remaniés à des époques différentes. Chêne. Celui du nord avec St Pierre et la colombe du St Esprit, celui du sud avec Marie-Madeleine en pénitente. Autre avec entablement avec quatre têtes d'angelots, 2e-3e partie du XVIIe, en partie remanié, en chêne.
Autre du XVIIIe, remanié au XIXe, en chêne.

Banc de communion.
A balustres, 4e q. XVIIIe, Louis XVI, bois peint et part. doré.

Peintures.

  • Golgotha : autel majeur.
  • Lazare : la porte du mauvais riche pendant le festin. Toile du XVIIe; 84x146.
  • Calvaire avec St Dominique (?) au pied de la croix. Toile de la fin XVIIe, début XVIIIe. 113X72'5.
  • Dans la chapelle d'hiver :
    • Christ en croix du XVIIIe.
    • Flagellation du XVIIe.

Louis Beaucamp

Articles annexes:

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