Les grands propriétaires à Ellezelles.

Le FOURCASTEAU ou Ferme LELOUCHIER.

1.D'après Emmanuel Degand.

A l'emplacement de la ferme bâtie par Dominique Vanlierde, dit du Bègue, au bas du hameau de Camp-et-Haie, il existait au XVIe siècle, une vieille cense occupée par une famille Lelouchier, qu'on nommait le Fourcasteau.

2. D'après G. Decamps.

La route d'Ellezelles à Frasnes-lez-Anvaing bifurque en deux branches dont l'une passe par le Grand Monchaut, l'autre par Grandrieux. Le lieu s'appelle Arbre Saint-Pierre, en souvenir d'une chapelle dédiée au patron de la paroisse. La chapelle actuelle a été construite en 1701; et s' appelait Chapelle Lelouchier.
A partir du14ème siècle, il existait là une ferme appelée le Fourcasteau,appartenant à la famille Lelouchier.
Un des propriétaire, Nicaise Lelouchier était Mayeur d'Ellezelles en 1367.
En 1540 un bois Louche ou Louchet est signalé par Coekejelberghs et lequeux (oc., p; 21)
L'intérieur de la chapelle a été pillé. Seul subsiste en bon état l'inscription: " l'ancienne chapelle Louis Lelouchier a été rénovée par Louis Berte Duponchelle en 1929 . "

Chappelle de 'ardbre Saint Pierre

L'abbé Bernier.

L'abbé Bernier, né à Hoves le 15 -01-1886 est décédé à Villers St Ghislain le 13-03-1966. Il a été vicaire à Ellezelles de 1921 à 1927.Emerveillé par la région des Collines, il prit sa retraite à Ellezelles; Amateur de jolies choses et sensible à la beauté des paysages, il réalise beaucoup de peintures et de photographies, notamment le carrefour de l'Arbre-St-Pierre reproduit ici. Nous y retrouvons la ferme Lelouchier, aujourd'hui, entièrement disparue.Ce qui est regrettable c'est que l'oeuvre picturale de l'abbé Bernier semble aujourd'hui avoir été dispersée.
Ce site porte toujours le nom " La Louchère "

La Louchère par l'abbé Bernier


Vers la disparition de la ferme " LELOUCHIER "

Souvenirs de Lucienne Deneubourg, née à " La Louchère " âgée de 96 ans et recueillis par Claire Dubois.

Le dernier possesseur de la ferme s'appelait Antoine Le Louchier.
Cette ferme très importante comportait de nombreux bâtiments : bergerie, immense grange, atelier de torréfaction ... et occupait de nombreux ouvriers. Les terres y attenant étaient entourées de murs.
( La tradition orale parle d'un siège que la ferme a dû supporter face à une bande de brigands; elle suppose même que ce serait la bande à Bonnot?)

Le DRAME DE 1796.

(Extrait d'un journal ne mentionnant pas son titre ni la date.)
A propos de la ducasse qu'on célèbre à l'Arbre St Pierre ( d'autres disent l'Arc St Pierre), signalons la vente de la vieille cense Lelouchier à Mr Marbaix. Depuis plus de 4oo ans la même famille l' habitait de père en fils....
La ferme Lelouchier a été le théatre, à la fin du 18ème siècle d' un drame dont le souvenir tend à s'éteindre chez les jeunes générations.C'était à l'époque des chauffeurs de pieds, brigands féroces, hardis et souvent noircis, qui, la nuit et parfois en plein jour, assiégeaient les fermes pour les dévaliser. La bande qui attaqua la ferme Lelouchier était commandée par un brigand célèbre surnommé "Sans Doigts", ou "Sandou" parcequ' il avait perdu quelques doigts dans ses dangereuses campagnes. (lire : " Sandou " par Michel Provost).

Il était originaire de Gohy ou d'Everbecq et résidait près de la ferme Méhaudens, à Everbecq. Au nombre de 80 à 40, ces brigands assiégèrent la Louchère. A l'aide de coutres de charrue, ils s'efforçaient de soulever de ses gonds la grand'porte qui ouvre sur la route de Frasnes à Ellezelles. Mais le grand carton et autres, résidant à la ferme, blottis contre la porte, la replaçaient dans ses gonds, à chaque assaut ; si, bien, que grâce à ce manège qui, dura assez longtemps, les voisins avertis par le bruit de troncs d'arbres lancés contre la porte accoururent en nombre et préservèrent du pillage la ferme Lelouchier .

Celle-ci était exploitée, à cette époque , par Jacques François Lelouchier, fils de David, le dernier bourgmestre féodal d'Ellezelles.

Sous le régime hollandais Jacques François Lelouchier fait partie du conseil communal en juillet 1829, en août 1829 et le 30 décembre 1829.
Il démissionne le 30 janvier 1830.
Le 12 octobre 1930, Il est de nouveau membre du conseil communal. Elu lors de la première élection sous le Gouvernement Provisoire de la Belgique indépendante. Il signe l'acte d'adhésion de la commune au Gouvernement Provisoire de la Belgique le 28 octobre 1830.
Il est encore présent le 27 septembre 1831.

La ferme commençant à se délabrer, les descendants la quittent et fondent une brasserie au Pont , en bas de la rue Jean Vinois actuelle. Quand ? Un plan du centre d'Ellezelles indique , en 1850, une brasserie au Pont. Le grand pignon blanc , à droite , au bas de la carte postale ci-après est une dépendance de la brasserie.

Brasserie Le Louchier au Pont

.
Antoine Lelouchier devenu brasseur se débarasse du domaine ancestral.
Il vend la ferme à la famille Cambier. Cette famille travaillait-elle à la ferme?
Ce que l'on sait c'est qu'elle eut 3 enfants dont Léontine.
Antoine Le Louchier a un fils Paul, né à La Louchère le 26 décembre 1874.
Il épouse Léontine née le 9 septembre 1872.
La brasserie est rénovée en 1880 et s'appelle " Brasserie Antoun' "
Paul, brasseur, décède à Bruges en 1926.
Son fils Jean, continue l'entreprise brassicole jusqu'en 1933.

Le Centr d'Ellezelles avec l'emplacement de la Brasserie Antoun
Extrait de l'atlas de Philippe Vandermaelen de 1850

La ferme " Cambier " est vendue à Paulin Marbaix. Louis Berte l'acquiert en 1926 .
Cette famille y habite une cinquantaine d'années.
Elle la vend en 1976 .

La famille LELOUCHIER.

Archives de l'Etat à Mons :
LOUCHIER (Le).
Armes : de sable, semé de croisettes recroisettées,au pied fiché d'or; à trois louches de même, posées en pal,le manche en pointe, 2 et 1, brochant sur le tout. Cimier : tête et col d'un chien d' argent.

Le premier connu de cette famille est le chevalier Antoine le Louchier il épouse Antoinette de Wattines,qui portait d'argent, à l'aigle éployée de sable languée de gueule.
Il est conseiller et chambellan de Fernand de Portugal, comte de Flandre, avec lequel il est fait prisonnier à la bataille du pont de Bouvines. Il meurt en 1240, à Tournai, où on l' inhume dans l'église de sainte Catherine . " La famille Le Louchier disparaît d'Ellezelles avec le dernier, Jean, qui avait continué les activités brassicoles jusqu'en 1933, moment où il part habiter Hastière.
(Titres, blasons, dignités disparurent avec la révolution française.)

Quelques mandats occupés par la famille Lelouchier à Ellezelles.
Maïeurs d'Ellezelles :

  • en 1367 : Nicaise Lelouchier
  • en 1396 : Jacquemart Lelouchier
  • en 1557 : Gilles Lelouchier.
    (Note : Le Bailli de Flobecq et Lessines est nommé par le seigneur du lieu : le ber d'Audenarde et l'abbaye d'Inde. Ce dernier transmit ses pouvoirs au baron de Renaix et c'est celui-ci qui nomme le mayeur d'Ellezelles.

C'est le Bailli de Lessines qui confère le mandat d'échevin le jour de la St Jean-Baptiste d'été.) Echevins d'Ellezelles :

  • en 1350 : Thumas li Louchier
  • en 1400 : Estiévent li Louchier
  • en 1794 : David Lelouchier nommé le 23 juin 1794.
  • Nous trouvons en 1578 Jacques Le Louchier, écuyer, seigneur du Petit-Kain


Les FIEFS à ELLEZELLES.
Le fief, connu à l'époque carolingienne sous le nom de bénéfice était une concession d'immeuble faite à perpétuité par un seigneur qui s'en réservait le domaine direct ou le directe, à charge foi et hommage par l' occupant, par le vassal, et avec d'autres obligations honorifiques ou utiles. En cas de non accomplissement des charges qui pesaient sur le fief, le seigneur avait la faculté de le reprendre et de le confier à d ' autres mains.
Les fiefs n' étaient pas bien nombreux à Ellezelles et la plupart n' avaient pas grande importance. Au XVIIIe siècle les grands propriétaires n' étaient pas plus nombreux qu' aujourd'hui et la plupart n' avaient pas grande importance.

la propriété de la Comtesse de Marsan, 250 à 300 ha, était un fief qui releva successivement du comte de Flandre, du comte de Hainaut et pendant la période monarchique, du souverain du pays ;
le comte de Saint-Genois, seigneur du Grand Breucq et de la Berlière acheta en 1714 la seigneurie d' Hubermont, le fief Mauroit et la terre d' Ultequin soit une centaine d' ha ; l' abbaye de Magdendaele possédait une cinquantaine d' ha, le seigneur de Bois-de-Lessines, cinquante; l' abbaye de St Thierry, trente. Ajoutons le fief Fouret, le bonnier Ad. Moreau de la Place ; le fief Lelouchier... En tout : 500 à 600 ha, la plupart couverts de bois sur les 2400 ha de la commune
Actuellement, petites fermes et chaumières ont disparu. Les fermes de moyenne importance ont résisté, s'agrandissent et tentent à devenir de véritables entreprises.

Importance des exploitations agricoles en 1850.
Il n'y a pas de grandes fermes à Ellezelles.
Environ 25 fermes possèdent plus ou moins 10 ha,
une douzaine de 10 à 20 ha et 6 de plus de 20 ha.
Mais certains fermiers agrandissent leur exploitation en louant des terres.
Une douzaine de propriétaires habitant souvent hors du village donnent leurs terres en location.
Le chevalier De Rasse-Lefebvre possède 214 ha.
De Hosten- Lefebvre , comte Maximilien de St Omer en France : 50 ha.
Desmartin Béatrix , rentière, de Bruxelles 37 ha 20.
Fostier Maximilien de Renaix : 23 ha.
Lejebvre Joséphine d'Ellezelles : 15 ha.
Vanderworden d'Irchonwelz : 14 ha.
Nouille Emmanuel Prudent, docteur en médecine d'Ellezelles : 12ha
Jouret Jean de Biévène : 10ha.
Lelouchier d'Escanaffles : 8 ha.
Lison-Lelouchierde Wodecq : 7 ha.
Nouille Zoé d'Ellezelles : 6 ha.

A droite de la chapelle, le corps de logis , après la construction de nouvelles routes.
La chapelle est contournée car elle est un point de repère pour l'armée.

Louis Beaucamp