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Joseph LELEUX.
Moine-laïc- ouvrier.

10 mai 1757 - 19 avril 1825

L'histoire merveilleuse de l'empreinte de la main de sa mère sur la manche de sa chemise.

Joseph LELEUX raconte lui-même les faits.

C'était en l'année 1789.
J'ai entendu de grands bruits, j'étais fort épouvanté ; cela dura onze nuits. Ne pouvant ni boire ni manger, ma santé dépérissait. Je n'étais comme plus de ce monde. Enfin, la nuit du 21juin, une femme tout environnée de flammes m'est apparue, me disant : Mon fils, quitte les cabarets et les danses, sinon tu n'entreras jamais dans le royaume des cieux. Ton père doit quatre sacrifices au Très Haut. Je dis d'abord : Pardon ma mère. Elle répondit : c'est au Très Haut qu'il faut demander pardon. Change de vie, prie beaucoup pour l'Eglise, puis elle ajouta : donne-moi ta main.
En même temps, elle appliqua sa main sur l'épaule de son fils dont le linge fut brûlé de manière que, sur le linge conservé, on voit l'empreinte de la main d'une femme. Puis elle disparut.

Conversion et parcours jusque Valloires.

Le lendemain matin, Joseph Leleux va raconter les faits à son curé et à son confesseur.
Les messes sont célébrées de suite. Sa mère est délivrée du Purgatoire. Il y avait 17 ans qu'elle était trépassée et lui n'avait pas même 5 ans.
Sa vie bouleversée, Joseph se convertit.

Une famille spirituelle se forme autour de lui et vit sous espèce de règle religieuse :

  • Ghislain-Joseph-Leleux, dit le " Bon Joseph ", de Wodecq, 1er chef.
  • Pascal-Joseph Scouppe, de Rebaix, 2ème chef.
  • Joseph Scouppe, de Rebaix, 3ème chef
  • Philippe Caudron, de Ghlin.
  • Jean-Baptiste Menu, de La Hamaide.
  • François Marbaix, de Wodecq, fils de Jean-François et de Marie-Louise Noncjean.
  • Jean-Baptiste Guerlus, de Wodecq.
  • Benoît Claro, de Cambrai, prêtre ordonné le 22 décembre 1770, réfugié à Monset de 1805 à 1816 retiré à Dergneau.
  • François Noncjean, de Wodecq, parent.
  • Fidel Cambier, de Bruile.

Ils ne sont pas des religieux mais vivent comme des religieux. Ce sont des ouvriers et gagnent leur vie en travaillant. Ils choisissent Saint Basile comme Patron.
Ce petit groupe fréquente assez régulièrement, durant les mauvaises années de la Révolution
le village de La Hamaide où le père Victor célèbre la messe clandestinement au premier étage d'une maison particulière.

Les moines bleus.

Leur costume est la tenue ordinaire des travailleurs manuels et la couleur bleue à toujours leurs préférences. Toutefois, le dimanche, ils portent une tenue spéciale uniforme.

De Mons à Valloires.

La petite communauté qui s'était formée s'installe au début de juillet 1800 dans une dépendance de l'ancien fort Lillo situé dans l'enceinte de Mons. Bientôt au nombre de douze. Elle s'adonne à des exercices de piété et de travail. Les membres s'appliquent au tissage, à la teinture et au blanchissage du linge.
Joseph Leleux fonde quelques autres petites communautés à Monceau, Maresquel.
Après Waterloo, en 1815, et le rattachement de la Belgique à la Hollande, le Fort Lillo va peut être reprendre sa destination première, la défense contre la France.
Aussi, Joseph Leleux pense au déménagement de sa communauté.
En 1816, des informations le renseignent sur la possibilité d'acquérir une ancienne abbaye se trouvant à Valloires en Picardie.
Les " Frères " achètent le vieux bâtiment et entreprennent les réparations urgentes : la toiture, les murs de clôture…
Devant les conseils qui sont faits à la société par la Sacrée Congrégation de puiser simplement dans les règles de saint Basile et de les soumettre à l'approbation de leur évêque, Bon Joseph craignant toujours les persécutions, préfère que ses communautés gardent leur laïcité et leur autonomie.
En avril 1825, Joseph Leleux réunit ses adeptes et leur parle de sa mort prochaine. Il les exhorte à continuer l'observance de la règle et émet le vœu de voir le frère Bonaventure lui succéder.
Le 19 avril, il s'éteint lentement. Son corps est placé dans un caveau creusé au milieu de la nef de l'église abbatiale. La dalle à la forme d'un losange.

Texte inscrit su cette pierre :


Ci-gît Jean-Baptist-Joseph-Ghislain LELEUX né à WODECQ le 10 mai 1757 province de Hainaut diocèse de Tournai. Il forma l'établissement de la société du FORT LILLO à Mons, en 1800. Vint avec elle en 1817 à VALLOIRES où il mourut le 19 avril 1825 âgé de 68 ans.
Requiescat in Pace ;


A vingt-neuf ans LELEUX quittant le monde plus que jamais s'attachant à son Dieu et le servant en tout temps en tout lieu, travaille et vit dans une paix profonde. Bientôt il forme une société : obéissance, ardente charité, juste profit né d'un labeur utile : voilà sa règle : elle est dans l'Evangile. Il gouverna toujours avec douceur. Pour ses sujets, il fut toujours un frère, un ami sûr, toujours un tendre père. Auprès de Dieu qu'il soit leur protecteur.

Pour en savoir plus, lire :
L'âme humaine et sa vie future- Le Musée du Purgatoire, par Max Marin, Desclée, Bruges.
La Cinse des Prétcheûs, par Louis Goffin, 1972, Monceau-sur-Sambre.
L'Abbaye de Valloires, Guide du visiteur, par Pierre Dubois, F.Paillart, Abbeville.
Il Piccola Musec Del Purgatorio, 1960, Roma.
L'Abbaye de Valloires, par Yvan Christ, La Revue Française, Paris.
Ler Val d'Authie, par Gérard Bacquet, 1975.
La Wodecquoise, articles de Me René Cotton et Léon Cotton.
Communication de G. Avaert au Cercle Archéologique d'Ath.
Semaine Religieuse du diocèse de Tournai, le 21 janvier 1908.
" La Merveilleuse histoire de Joseph Leleux "dans " Quatre vents " n° 17 déc.1976 par Jacques Vandewattyne.

Louis BeaucampLouis Beaucamp

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