60 ans après le débarquement en Normandie,
un Ellezellois retourne là où il a participé
à la libération du joug Nazi sur l’Europe.

Frans Schats en 1943
Photos prise en 1943
Frans Schats en 2004
Photos prise en 2004

 

C’est sur le site www.normandiememoire.com que nous avons retrouvé par hasard Frans Schats, un Ellezellois d’adoption.

Frans habite depuis 27 ans à Ellezelles. Il nous a raconté le débarquement à Arromanches en Normandie. Frans est un valeureux jeune homme de 87 ans plein d’humour et d’énergie. Ce 6 juin 2004 il est allé à Honfleur en Normandie pour se souvenir de ce qui s’était passé 60 ans auparavant… le début de la libération. Ce n’est pas qu’il soit friand de ce genre de commémoration, mais Frans décida d’accompagner un frère d’armes, qui en dernière minute n’a finalement pas pu y aller.

Mais commençons par le début. Frans est né en février 1917, en pleine Première Guerre à Bruxelles. En 1938, à 21 ans, il fait son service militaire sans se douter que celui-ci lui servira à peine 2 ans plus tard. Après la débâcle de 1940, il fut capturé par les Allemands à Diksmuide. De là, il marcha jusque la prison de Gand avec ses copains d’infortune sous escorte allemande. Devant cette bâtisse imposante il décida de s’évader des que leur garde eut le dos tourné; avec lui, il entraîna un confrère. Pour échapper aux recherches des Allemands à leurs trousses ils entrèrent dans un bistrot non loin de là, mais à leur stupéfaction, il était rempli de soldats allemands ivres. Après quelques « mein kamaraden » et quelques verres ils purent, grâce à l’aide de la tenancière du bistrot qui leur avait fourni des habits civils, fuir vers Ruisbroek.

Après avoir fait divers petits boulots pour gagner sa croûte, Frans décida de fuir avec 2 copains vers la France libre. Pour cela ils partirent en vélo vers Paris, puis via Tours ils traversèrent la ligne de démarcation pour aller dans la région de Toulouse. Nous sommes en mai 1941, Frans travaille à la construction de routes, mais cela s‘apparentait plus à des travaux forcés, car ils étaient sous la tutelle du pouvoir de Vichy. Pour finir, il réussit à se faire embaucher 2-3 jours par semaine chez un garagiste où il a pu repratiquer son métier d’origine, mécanicien. Il apprit à monter des gazogènes. Rappelons que, lors de la seconde guerre l’essence était une denrée rare réservée aux véhicules militaires allemands. En novembre de cette année là il rencontra un officier belge qui lui proposa de rejoindre l’armée belge en Angleterre. Un long périple commença pour le trio. Ils partirent de la région de Toulouse pour aller via Andorre, où il fûrent faits prisonniers par des gendarmes de Vichy. Après un mois d'incarcèration à la prison de Foix (Arriège) ils retournèrent au chantier et chez le garagiste à Cassagne (Aveyron). Peu de temps après, ils reprennent leur périple par le Portugal pour arriver à Gibraltar. De là ils firent la traversée en bateau vers l’Ecosse. Petite anecdote; le bateau (belge) était rempli de bouchons de liège, ainsi s’il était torpillé, il pouvait encore flotter. Arrivés en Ecosse ils allèrent en direction de Londres pour se faire réengager dans l’armée belge.

Engagé dans le RAF (Royal Air Force) à la 350 escadrille, il fut formé comme mécanicien sur des avions Spitfire. Par la suite il rejoigna la 349e escadrille qui participa activement au débarquement en Normandie. C’est le 9 juin, 3 jours après le débarquement des premiers soldats que Frans arriva à Arromanches. Beaucoup d’entre nous croyions que le débarquement se passait comme l’on peut le voir dans des films tel « Le jour le plus long » ou « Il faut sauver le soldat Ryan ». Mais c’était bien pire. La Normandie ne s’est pas vidée de l’occupant allemand en quelques jours. Les batailles ont fait rage pendant de longues semaines, jusqu’au mois d’août 44. C’est bien simple, est considéré comme vétéran du débarquement, tout soldat qui y a combattu ou a débarqué jusqu’au 22 août 44.

Le combat ne s’arrêta pas en Normandie, il y eut ensuite Maldegem, Eindhoven puis pour finir jusqu’en Allemagne. Après l’Armistice du 8 mai 1945, Frans resta encore caserné pendant près d’un an en Allemagne.

Ce 5 juin 2004 à Deauville, Bayeux et ensuite Arromanches il a donc revu la Normandie par où il est rentré sur le sol français. Il a même été jusqu' à la plage par où il est arrivé. Mais dit-il , l’émotion était trop forte et les souvenirs des copains disparus ont fait qu’il ne put retenir ses larmes.

Frans, au nom de tous ceux qui sont là aujourd’hui, 60 fois 60 mercis à vous et à tous vos frères d’armes qui ont combattus pour nous en Normandie et dans le reste de l’Europe.

Pascal Hyde

Articles complémentaires:

Quelques liens concernant le 349 et 350e squadron :

Quelques liens concernant le débarquement en Normandie