Une mémoire locale s'en est allée

Actu24.be

ELLEZELLES - Voilà quelques jours, la commune des sorcières a perdu un grand défenseur de son histoire et de son patrimoine, Louis Beaucamp. Né à Ellezelles le 23 juin 1918, il y est décédé le 29 décembre dernier. Diplômé instituteur en 1938, ce fils de maréchal-ferrant est mobilisé lors de la campagne de mai 40. Fait prisonnier, il est contraint de travailler durant cinq ans dans une ferme en Allemagne. À la Libération, il reprend son métier d'enseignant à Ellezelles, où il sera notamment le professeur du regretté Jacques Vandewattyne. «Ils aimaient bien raconter tous les deux cette histoire où Jacques, tout petit, avait trouvé un silex ancien et avait dévalé le Mont avec son vélo pour venir le montrer à son instituteur, Monsieur Beaucamp », se souvient Christian Pieman, proche des deux personnalités.

Sur le plan professionnel, Louis Beaucamp devient directeur d'un institut d'enseignement spécialisé à Kain dans les années soixante.

Il est surtout connu pour sa passion pour l'histoire locale. «Il avait une mémoire très importante et était très curieux de nature. Il cherchait en permanence, c'était comme un virus », raconte André Cotton, autre ami du défunt.

Cofondateur du Syndicat d'Initiative, Louis Beaucamp a oeuvré au sauvetage du Moulin du Cat Sauvage. Jusqu'au début des années 90, il fut le conservateur de l'écomusée des Collines, dont il a été l'un des créateurs en 1975. Il était également actif au sein des Guides Nature des Collines et du CHAIR (Cercle d'Histoire d'Ellezelles et de sa Région), pour lequel il a participé à la rédaction des annales. «À la mort de Jacques Vandewattyne, il m'a demandé de reprendre le flambeau, poursuit Christian Pieman. Nous avons encore fait huit annales ensemble, dont la dernière est parue en novembre. Comme toujours, il en avait fait les dernières corrections. Il avait le génie de transmettre son savoir et le plus bel hommage qu'on puisse lui rendre, c'est de poursuivre son oeuvre.

»

Ce qui semble en bonne voie puisque, depuis deux ans, il se réjouissait de la naissance de l'ASBL «Histoire et Terroir», comptant deux historiens professionnels. Lui-même avait publié un important ouvrage sur sa commune en 1995, avec Jean Rivière : «Ellezelles, coups d'oeil sur son passé », aux éditions Dubart.

Initié à l'informatique à un âge avancé, il faisait toujours usage de ses nouvelles connaissances pour rédiger diverses contributions et pour éclairer des plus jeunes «chercheurs» de la région. «C'était un grand érudit. Il lisait des parchemins en vieux français avec une facilité incroyable. Après le départ de Jacques, père du folklore ellezellois, il y a dix ans, c'est maintenant un deuxième père spirituel qui s'en va, davantage pour la part historique », conclut Christian Pieman.

André Cotton souligne le dynamisme et la bonne humeur propre à Louis Beaucamp. À son épouse, Claire Dubois, à sa famille et à ses proches, notre journal adresse ses sincères condoléances.

Fanny Geeraerts - Courrier de l'Escaut - avenir.net